Le potentiel d’augmentation de l’efficience des cantons se chiffre en milliards

Communiqué de presse

27 juin 2022

  • Dans un nouveau monitoring, l’Université de Lausanne et PwC Suisse se penchent sur l’efficience des prestations étatiques dans les domaines de la formation, de la culture, de l’aide sociale et des routes et comparent les cantons et leurs communes.

  • Le résultat est sans appel : l’écart par rapport à la pleine efficience s’élève à près de 11 milliards de francs 

  • Une somme qui pourrait financer la moitié des dépenses de formation actuelles ou plus que la totalité des dépenses d’aide sociale

  • Il existe des écarts d’efficience substantiels entre les cantons, notamment dans le domaine de l’aide sociale  

  • En revanche, il n’y a guère de différences d’efficience dans le domaine de la formation, signe d’un faible goût pour l’expérimentation 

Lausanne/Zurich, le 27 juin 2022 – Pour comparer et quantifier objectivement l’efficience des cantons suisses, l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de l’Université de Lausanne et PwC Suisse ont développé conjointement ce monitoring de l’efficience. L’objectif est de mettre en rapport l’utilisation des ressources par les cantons avec les prestations cantonales dans les domaines de la formation, de la culture, de l’aide sociale et des routes. Le monitoring aboutit clairement à la conclusion qu’il existe une marge de manœuvre considérable pour augmenter l’efficience dans les quatre domaines analysés. Ce potentiel qui correspond à l’écart pour atteindre une pleine efficience se monte à 10,8 milliards de francs, somme qui pourrait être investie différemment. Pour des raisons externes et peu influençables, il n’est guère probable que ce potentiel soit un jour pleinement exploité. Pour autant, les cantons pourraient accroitre leurs prestations par des mesures pertinentes sans augmenter les dépenses.  

Difficile progression des cantons moins efficients dans le domaine de la formation 
Avec 27 %, le secteur de la formation représente le premier poste de dépenses des cantons et des communes. Les auteurs de l’étude ont examiné à cet effet le nombre de diplômes d’apprentissage, d’écoles de commerce et d’écoles techniques, ainsi que le nombre de maturités professionnelles et fédérales. L’augmentation potentielle de l’efficience est de 21 % pour l’ensemble des cantons en 2019, ce qui correspond à 4,5 milliards de francs. Les cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures, des Grisons et de Schaffhouse se sont montrés les plus efficients. Le canton de Glaris a gagné six points de pourcentage par rapport à l’année précédente pour se hisser à la quatrième place. Dans l’ensemble, le domaine de la formation présente peu de marge de manœuvre et les cantons sont au coude-à-coude. Il existe néanmoins un groupe de cantons moins efficients qui peinent à s’améliorer. Certains facteurs sociodémographiques ont une grande influence. Le morcellement du tissu communal ou une part importante de population ayant un accès difficile à la formation peuvent influencer l’efficience d’un canton.    

Une grande marge de manœuvre dans le domaine de la culture 
Pour les cantons et les communes, la culture n’est guère réglementée et offre donc une plus grande latitude d’amélioration. C’est ainsi que des cantons moins efficients se sont considérablement améliorés en l’espace d’un an. Le gain d’efficience potentiel est de 38 % en 2019, soit 1,1 milliard de francs. Les cantons de Soleure, d’Argovie, du Jura, de Thurgovie et de Glaris arrivent en tête (par ordre décroissant). L’analyse a porté sur le nombre de monuments historiques protégés, le nombre de musées, d’entrées de musées vendues, et le nombre de participants aux cours et aux camps J+S.  

Les cantons ruraux en tête dans le domaine de l’aide sociale 
Dans le domaine de l’aide sociale, les différences d’efficience entre les cantons sont considérables en 2019, mais dans le temps, aucun changement notable ne s’est produit par rapport à l’année précédente. L’augmentation potentielle de l’efficience est de 37 % en 2019, soit environ 2,9 milliards de francs. Les premières places sont occupées par le Tessin, le Valais, Uri, Fribourg et le Jura (par ordre décroissant). Pour Pirmin Bundi, professeur à l’IDHEAP, « les résultats indiquent que le caractère rural de certains cantons serait bénéfique à un accomplissement efficient de leurs tâches dans le domaine de l’aide sociale. Ici aussi, des facteurs externes tels que le coût de la vie élevé typique des zone métropolitaines semblent avoir une influence négative sur l’efficience. » L’étude a pris en compte pour cela la population, le nombre de bénéficiaires de prestations complémentaires et d’aide sociale ainsi que les réinsertions.  

Des différences significatives entre les cantons dans le domaine des routes 
En moyenne, l’efficience pour le domaine des routes avoisine 65%. Pour l’ensemble des cantons, l’augmentation potentielle de l’efficience est de 38 % en 2019, soit 2,2 milliards de francs. Alors que les trois cantons les plus efficients, Lucerne, Thurgovie et Argovie, atteignent un degré d’efficience supérieur à 80 %, le canton le moins efficient se situe à 29 %. La topographie pourrait expliquer cet écart, car la construction et l’entretien des routes en terrain escarpé est nettement plus coûteux dans les cantons de montagne. Les chutes de neige et les épisodes de gel fréquents jouent également un rôle important. Toutefois, des cantons urbains figurent également parmi les moins efficients, ce qui semble montrer qu’il y a plusieurs facteurs explicatifs. Dans ce domaine des routes, les auteurs de l’étude ont examiné la longueur des routes cantonales et communales, le nombre de véhicules immatriculés et les accidents dus à l’état des routes ainsi qu’à des routes insuffisamment dégagées.  

Mesures concrètes nécessaires 
Il serait utopique de penser pouvoir économiser 10,8 milliards de francs, eu égard aux configurations topographiques et sociodémographiques complexes des cantons ainsi qu’aux nombreuses contraintes politiques. Les prestations des cantons sont majoritairement prescrites par la loi ou définies par la demande de la population. Il est donc plutôt recommandé d’augmenter l’efficience en utilisant moins de ressources. « La réalisation de ces gains d’efficience nécessite des mesures concrètes prises sur la base d’une analyse individuelle pour chaque canton. Il s’agit notamment une simulation financière, d’une identification des points de départ après enquête auprès des cadres de l’administration, et d’une priorisation par les décideurs (politiques) », nous dit Philipp Roth, associé responsable Government & Public Sector chez PwC Suisse.

À propos de l’étude 
L’étude « Monitoring de l’efficience » réalisée conjointement par l’IDHEAP de l’Université de Lausanne et PwC Suisse est basée sur l’analyse par enveloppement des données ou Data Envelopment Analysis (DEA). Divers entretiens exploratoires ont été conduits et les résultats soumis à des expert.e.s externes. La responsabilité des résultats incombe toutefois uniquement aux auteurs de l’étude. La raison d’être de cette analyse est de contribuer à augmenter l’efficience de l’État, pas de stigmatiser les cantons. C’est pourquoi seuls les cinq cantons les plus efficients par domaine sont mentionnés. Chaque canton est toutefois informé de sa position dans chacun des domaines analysés. L’étude complète peut être téléchargée ici.  

 

A propos de PwC
PwC Suisse est le leader de l’audit et du conseil en Suisse. PwC œuvre à développer la confiance dans la société et à résoudre des problèmes importants. Notre réseau d’entreprises est implanté dans 156 pays et emploie plus de 295 000 collaborateurs animés par une même volonté de fournir des services d’assurance, de fiscalité et de conseil de qualité. Forte de 3385 collaborateurs et associés, PwC Suisse dispose de 14 sites en Suisse et un dans la principauté de Liechtenstein. Pour en savoir plus et pour nous contacter, consultez notre site www.pwc.ch. « PwC » désigne le réseau PwC et/ou une ou plusieurs sociétés affiliées, chacune d’entre elles étant une entité juridique indépendante. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site www.pwc.com/structure.

A propos de l’IDHEAP
L’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) est, en Suisse, la plus importante structure universitaire et interdisciplinaire de formation, de recherche et d’expertise dédiée intégralement et exclusivement au secteur public et parapublic. Fondé en 1981, il est intégré depuis 2014 dans l’Université de Lausanne (Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique – FDCA). L’IDHEAP propose diverses expertises ainsi qu’un large éventail de formations, dont un MPA – Master of Public Administration.

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Bianca Helbling

Bianca Helbling

External Relations Consultant, PwC Switzerland

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