Une nouvelle étude de PwC Suisse et de l’Université de Lausanne s’intéresse à l’efficience des prestations de l’État dans cinq domaines
Les cantons frontaliers latins sont les plus efficients à long terme dans le domaine de l’ordre et de la sécurité publics
Les dépenses des cantons sont les plus importantes dans l’aide sociale, avec une efficience marquée des petits cantons de montagne
Zurich, le 27 mars 2023 – Le travail des cantons suisses est-il efficient ? PwC Suisse s’est associé à l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de l’Université de Lausanne pour évaluer l’efficacité des prestations de l’État. Dans la dernière édition du « Monitoring de l’efficience », les domaines de la formation, de la culture, de l’aide sociale, de l’ordre et de la sécurité publics ainsi que des routes sont mis en lumière. Ensemble, ils représentent 65 % de toutes les dépenses cantonales et communales en 2020. L’étude conclut à un potentiel d’amélioration des cantons avoisinant les 13 milliards de francs par an. Une telle optimisation est urgente car la situation financière des cantons s’aggrave : en raison, notamment, de l’absence de distribution des bénéfices de la Banque nationale, certains d’entre eux sont tombés dans le rouge.
D’importantes variations dans l’ordre et la sécurité publics
Dans ce domaine, les auteurs ont analysé pour la première fois le nombre d’infractions enregistrées par la police, le nombre de condamnations et le nombre de personnes en détention préventive. La médiane de tous les cantons s’élève à 73 % en 2020, le potentiel à 1,9 milliard de francs. L’efficience varie non seulement d’un canton à l’autre, mais aussi d’une année sur l’autre. L’évolution de l’efficience dans ce domaine est donc extrêmement volatile. Un coup d’œil à la moyenne des dix dernières années par canton montre que les plus efficients sont les cantons latins frontaliers : le Tessin (82 %), Vaud (80 %), Neuchâtel (78 %) et Genève (77 %). Ces derniers affichent en outre une grande stabilité, alors que Zurich ou Glaris, par exemple, enregistrent des variations d’efficience allant jusqu’à 22 % au fil des ans. « Ces fluctuations ne sont pas cantonnées à l’année 2020 », explique Philipp Roth, Lead Partner Government & Public Sector chez PwC Suisse. « On peut supposer que des aspects tels que les infractions enregistrées par la police évoluent par vagues et que les moyens investis, comme les effectifs policiers, sont à la traîne. » L’étude montre aussi qu’un grand nombre de frontaliers ou une forte densité de population n’ont guère d’influence sur l’efficience dans le domaine de l’ordre et de la sécurité publics.
Formation : l’écart entre les cantons continue de se creuser
Dans le domaine de la formation, le nombre de diplômes de formation professionnelle initiale, de certificats fédéraux de capacité, de diplômes d’écoles techniques et de commerce ainsi que de maturités professionnelles et gymnasiales a été évalué. Le type de diplôme n’a pas été pris en compte. La médiane de l’efficience estimée s’établit à 80 %, ce qui correspond à la moyenne à long terme. C’est dans ce domaine que le potentiel est le plus important, avec 4,6 milliards de francs. Comme l’année précédente, la première place est occupée par le canton des Grisons (90 %), suivi de Schaffhouse (89 %), Glaris (89 %), Obwald (88 %) et Berne (87 %). Cette constance est remarquable si l’on se souvient, par exemple, des différences cantonales dans la gestion des examens gymnasiaux pendant la pandémie. Les trois cantons les moins efficients ont encore reculé dans le classement, ce qui a quelque peu creusé l’écart entre les cantons.
Une marge de manœuvre considérable dans la culture
La pandémie a eu un impact important sur le secteur culturel. Elle a littéralement gelé l’efficience au niveau de 2019. Outre le nombre de monuments historiques protégés, de musées et d’entrées dans les musées, le nombre de participations aux cours et aux camps J+S a également été examiné. La médiane de l’efficience estimée dans ce domaine s’est établie à 70 % en 2020, avec un classement des cantons relativement similaire à celui de l’année précédente. Les cantons de Soleure et d’Argovie (83 % chacun) arrivent en première place, suivis de la Thurgovie (82 %), Saint-Gall et Schwyz (80 % chacun). Les cantons et les communes ont peu de consignes dans le domaine de la culture et peuvent souvent choisir librement les offres mises à disposition. Il s’ensuit une latitude et un potentiel de hausse de l’efficience importants. La hausse potentielle de l’efficience pour l’ensemble des cantons atteint 1,1 milliard de francs.
Les cantons urbains moins efficients dans l’aide sociale
Outre le nombre de bénéficiaires de prestations complémentaires (AVS et AI) et de l’aide sociale économique ainsi que le nombre d’habitants, les auteurs de l’étude ont également examiné le nombre de dossiers de l’aide sociale clos après réinsertion. Plus les dépenses par habitant/bénéficiaire/réinsertion sont faibles, plus un canton est efficient. C’est le canton du Tessin qui s’en sort le mieux (93 %), devant le Valais (90 %), Uri (88 %), Obwald et Fribourg (86 % chacun). Ces chiffres indiquent que le caractère rural est profitable à l’efficience dans le domaine social. En effet, les cantons plutôt urbains se trouvent plutôt dans la partie basse du classement. La médiane s’établit à 75 %, mais l’intervalle de variation est important, notamment en comparaison avec le domaine de la formation. Les grandes différences ne se réduiront pas de sitôt, car les cantons sont fortement contraints en termes de dépenses dans le domaine social. Des améliorations ne semblent guère possibles dans l’immédiat. Une forte densité de population et une part élevée de population résidente étrangère ont une influence négative sur l’efficience dans le domaine de l’aide sociale. Les zones métropolitaines comptent généralement un grand nombre de bénéficiaires, alors que le coût de la vie y est plus élevé. Au total, une hausse de l’efficience permettrait de dégager un potentiel d’amélioration d’environ 2,9 milliards de francs.
Différences majeures entre les cantons dans le domaine des routes
Les variables retenues ont été la longueur des routes communales et cantonales en kilomètres, le nombre de véhicules immatriculés, les accidents dus à des routes insuffisamment dégagées ainsi que les accidents dus au mauvais état des routes. Quelques changements sont à noter par rapport à l’année précédente. Ainsi, le canton de Genève (85 %) a enregistré une nette hausse de son efficience et se place en deuxième position derrière Lucerne (86 %) en 2020. Il est suivi de l’Argovie (81 %), Zoug (79 %) et Schwyz (78 %). Les quatre cantons les moins efficients (des cantons de montagne) sont encore descendus dans le classement. La construction et l’entretien des routes impliquent des impondérables. Toutefois, des cantons urbains figurent également parmi les cantons les moins efficients. La topographie n’est donc pas le seul facteur explicatif. En comparaison avec les domaines de la formation et de l’aide sociale, des différences apparaissent plus marquées entre les années. La médiane s’établit à 69 %, soit un potentiel d’économies d’environ 2,3 milliards de francs.
Il apparaît difficile d’exploiter pleinement le potentiel d’amélioration, qui s’élève à environ 13 milliards de francs, en raison de divers facteurs contextuels, notamment topographiques et sociodémographiques. Si les cantons peuvent exercer une influence sur les inputs, les outputs (p. ex. le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale ou la longueur des routes) sont souvent prédéfinis. Selon Pirmin Bundi, de l’IDHEAP, les cantons peuvent améliorer leur efficience en augmentant leurs prestations pour une utilisation constante des ressources. « Pour réussir à accroître leur efficience, les cantons doivent établir des priorités en termes de contenu et de financement, effectuer des analyses internes et externes et définir des approches concrètes. » Ils pourraient ensuite réinvestir les moyens ainsi libérés dans d’autres domaines, par exemple dans la formation ou l’aide sociale.
À propos de cette étude
La troisième édition du « Monitoring de l’efficience » de l’IDHEAP de l’Université de Lausanne et de PwC Suisse est basée sur la Data Envelopment Analysis (DEA). Cette publication a pour but de contribuer à la hausse de l’efficience de l’État et non de critiquer certains cantons. Pour cette raison, sont indiqués les treize cantons les plus efficients. Les différents cantons connaissent leur position. L’intégralité de l’étude est téléchargeable ici.
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À propos de l’IDHEAP / À propos de l’Université de Lausanne
L’Institut de hautes études en administration publique –IDHEAP– est, en Suisse, la plus importante structure universitaire et interdisciplinaire de formation, de recherche et d’expertise dédiée intégralement et exclusivement au secteur public et parapublic. Fondé en 1981, il est intégré depuis 2014 dans l’Université de Lausanne (Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique-FDCA). Il propose un large éventail de formations, dont le MPA – le Master of Public Administration.