Les exigences de la FINMA d’obtenir une licence sont un tournant pour les GFI

Zurich, le 16 août 2022 – Le secteur des gestionnaires de fortune indépendants (GFI) en Suisse est en pleine mutation. Avec ses plus de 2100 acteurs, il a jusqu’à présent été quelque peu opaque. Cependant, avec les nouvelles réglementations FINMA et les exigences croissantes en matière de rapports, il deviendra plus transparent, comme le prévoit la nouvelle étude « IAM Market Insights: Will the licensing requirement for independent asset managers by the end of 2022 trigger the anticipated consolidation of the industry? » menée par PwC Suisse. Les auteurs de l’étude ont sondé 83 IAM en Suisse et effectué une étude de marché approfondie. 

Les GFI sont les PME de l’industrie financière
Bien que l’industrie des GFI soit granulaire, ils mènent une activité rentable avec des marges relativement saines. Selon les statistiques de l’Association Suisse des Gestionnaires de fortune (ASG), 74 % des entreprises gèrent moins de 100 client-e-s. Elles montrent également que les IAM se concentrent souvent sur des régions spécifiques telles que l’Amérique latine, la France ou l’Allemagne. 88 % des gestionnaires de fortune ont des avoirs sous gestion («AuM ») inférieur à 500 millions de francs, tandis que seulement 4 % en gèrent plus de 1 milliard. Plus des deux tiers des GFI comptent jusqu’à cinq employés. La plupart des gestionnaires de fortune indépendants sont basés à Zurich, à Genève et dans le Tessin. 

Le temps presse pour acquérir une licence 
À la fin du mois de mai 2022, sur plus de 2100 IAM en Suisse, seulement 500 sont déjà titulaires d’une licence ou sont encore en cours de procédure d’acquisition d’une licence. La majorité des gestionnaires de fortune indépendants semblent attendre jusqu’à la dernière minute pour initier leur demande, bien que l’acquisition d’une licence puisse prendre plusieurs mois. Ceux qui manqueront la date limite du 31 décembre 2022 seront passibles d’amendes et de sanctions. La base du statut de licence en mai 2022 révèle déjà que jusqu’à 400 IAM ne déposeront pas de demande de licence et ne poursuivront pas leurs activités, dans la plupart des cas en raison de leur départ à la retraite. 

L’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les services financiers (LSFin) et de la Loi fédérale sur les établissements financiers (LEFin) début 2020 a ouvert plusieurs options aux gestionnaires de fortune indépendants : 

• Demander la licence FINMA et continuer à exercer

• Rejoindre une plateforme réglementée et ainsi externaliser certaines activités commerciales telles que la conformité et le risque, puis demander la licence FINMA

• Conclure un partenariat ou fusionner avec un GFI déjà titulaire d’une licence 

• Mettre fin à ses activités ou considérer vendre leur société

Sur les 83 entreprises interrogées, la majorité ont effectué les démarches nécessaires d’obtenir la licence et seulement 4 % ne souhaitent pas faire la demande. Concernant rejoindre une plateforme réglementée : pour 80 % des IAM interrogés, cette option serait plutôt improbable. Bien que la plupart des IAM interrogés envisagent un partenariat, plus de 82 % sont sûrs qu’ils ne vendraient pas leur entreprise. « Un écart apparaît : presque aucun GFI n’envisage pas de et vendre leur société, mais cependant nombreux sont ceux qui recherchent un partenariat, une fusion ou une acquisition », explique Christian Bataclan, Director Deals Financial Services chez PwC Suisse. « Cela signifie qu’un marché acheteur avec une forte concurrence et une pénurie de sociétés cibles potentielles émergera, ce qui pourrait conduire à des valorisations élevées. Néanmoins, huit transactions (d’après des informations publiques) ont été réalisées dans le secteur des IAM depuis début 2022. Nous nous attendons donc une consolidation à long terme. » 

Les fusions et acquisitions, un moyen de surmonter les défis stratégiques 
Les participants à l’étude ont cité les trois principales raisons qui les inciteraient à faire des acquisitions : augmenter leurs actifs sous gestion (AuM) pour atteindre une certaine taille et ainsi devenir plus attrayants pour recruter, avoir une licence et pouvoir potentiellement racheter des GFI qui sortirait du marché, ainsi que réaliser des économies d’échelles. Cela est nécessaire parce que la plupart des GFI considèrent l’augmentation des coûts dans le domaine de la conformité (69 %) et l’accroissement des exigences de reporting (59 %) comme le plus grand défi stratégique. Ces deux aspects exercent beaucoup de pression sur les marges.

À propos de cette étude 
L’étude « IAM Market Insights » de PwC Suisse comprend une étude de marché et un sondage. Pour ce dernier, l’agence externe Norstat a soumis le questionnaire établi par PwC à 83 gestionnaires de fortune indépendants (GFI) qui y ont répondu en ligne ou par téléphone de la mi-mai à la mi-juillet 2022. Les données ont été analysées de façon anonyme. L’étude complète est disponible ici.