Gros plan : La prévoyance professionnelle

Une prévoyance vieillesse dynamique

Heinz Hartmann
COO and CFO, PwC Switzerland

Le système à 3 piliers de la Suisse fait, à juste titre, figure de modèle de réussite. L'équilibre du 1er pilier, financé par répartition, est cependant de plus en plus menacé, car le rapport entre les personnes actives et les retraités évolue continuellement et de manière radicale. Heureusement donc, que le 2e pilier existe pour le compléter. Dans le 2e pilier, les assurés et l'employeur cotisent seulement pour eux, il ne doit pas y avoir de redistribution.

Mais actuellement, ce pilier chancelle lui aussi, car des rentes trop élevées ont été promises par le passé. Du fait de l'allongement de l'espérance de vie et de l'insuffisance du rendement des placements, le capital économisé jusqu'à la retraite ne suffit plus pour financer les rentes en cours jusqu'à la fin de la vie. Il faut injecter d'autres moyens, au détriment des assurés encore actifs. Malgré tout, le 2e pilier n'a en rien perdu de son utilité, bien au contraire. Il doit cependant de toute urgence être restauré, c'est-à-dire être moins redistribué. Cela n'est pas possible pour les conditions cadres non prévisibles, comme l'espérance de vie ou le rendement des placements, et en cas de prestations non modifiables. Il faudrait donc pouvoir ajuster les prestations à la situation réelle.


Plus de souplesse grâce à un bonus de retraite

En 2005, la caisse de pension de PwC a introduit un modèle de prévoyance vieillesse dynamique. Nous voulions ainsi réduire les subventions par les assurés actifs et garantir à long terme la solvabilité de la caisse de pension. L'idée de cette approche était: promettre moins, payer autant que faire se peut. Dans ce modèle, les prestations sont divisées en rente de vieillesse fixe et en bonus variable. Le bonus permet de réguler la sortie du capital-vieillesse.

Mise en œuvre dans la pratique

La rente de vieillesse de la caisse de pension de PwC se base sur un intérêt technique de 1,5 %, ce qui donne, pour l'année 2020, un taux de conversion de 4,9 %. De plus, un bonus standard représentant 12 % de la rente de vieillesse est versé. La rente et le bonus reposent tous deux sur un taux d'intérêt technique de 2,5 %.

Chaque année, nous calculons si la caisse de pension réalise des bénéfices ou des pertes avec le versement des rentes. Pour cela, nous faisons une comparaison état actuel/état souhaité des rendements des placements. Le pourcentage de rendement souhaité de env. 3,1 % résulte de la somme du taux d'intérêt technique (2,5 %), de la majoration pour l'allongement de l'espérance de vie (0,5 %) et des frais de gestion approximatifs (0,1 %). Le bonus est ajusté sur la base du résultat d'une période d'observation de trois ans.


Figure 2: Exemple de calcul des bénéfices/pertes (sans report de la période d'observation précédente) pour le bonus variable sur trois ans

Année
Capital de couverture des rentes
Rendement visé Rendement réel
Résultat en %
Résultat en CHF
1 100 Mio. 3.1% 3.4% +0.3% +0.3 Mio.
2 120 Mio. 3.1% 1.9% - 1.2% –1.4 Mio.
3 150 Mio. 3.1% 5.9% + 2.8% +4.2 Mio.
Résultat de la période d'observation +3.1 Mio.

Un ajustement progressif

Si le résultat est positif au terme des trois ans, le bonus est augmenté, il est réduit en cas de résultat négatif. L'ajustement est effectué progressivement par deux points de pourcentage. Les charges liées à l'augmentation du bonus ou les économies réalisées en cas de réduction sont déduites du résultat. Le reste est reporté sur la prochaine période d'observation de trois ans.

Assouplissement des prestations avec le bonus variable

Une solution adaptée à toutes les situations

En déterminant le taux de conversion, le risque est de manquer doublement la cible, c'est-à-dire que le taux peut être trop élevé ou trop bas. Dans un cas comme dans l'autre, cela entraîne des difficultés et des charges. Notre solution de caisse de pension, avec ses rentes fixes et ses bonus liés au résultat, reflète notre stratégie: notre objectif est une promesse de prestation proche de la réalité et qui peut être financée à terme. Les versements aux retraités peuvent être ajustés en continu à la situation réelle. Les assurés actifs et les retraités participent ainsi de manière équitable aux bénéfices et aux pertes de la caisse de pension. Les ajustements progressifs restent prévisibles et acceptables pour les retraités.

Avec l'assouplissement des prestations de retraite, nous réduisons la redistribution insidieuse, soutenons le 2e pilier au sens du financement par capitalisation et – un effet secondaire positif – axons les rentes sur le pouvoir d'achat. De plus, les charges administratives de ce modèle restent faibles. Nous offrons ainsi une sécurité et une transparence optimales à nos retraités et à nos assurés actifs, et instaurons de la confiance à l'égard de la caisse de pension.

Conclusion

C’est un fait: les assurés actifs subventionnent aujourd’hui massivement et durablement les rentes de vieillesse. Et cela n’a jamais été voulu. Le financement des rentes par capitalisation n’est possible qu’avec des prestations variables. Grâce à la prévoyance vieillesse dynamique du modèle de PwC, nous renforçons la confiance à l’égard du 2e pilier, comme principe fondamental de la sécurité sociale en Suisse. Parallèlement, nous prévenons les risques de situation difficile et de mesures d’assainissement, qui ternissent l’image de la caisse de pension et, au final, aussi celle de l’employeur. Il faut aujourd’hui qu’une véritable discussion «sans œillères» soit menée sur le pacte intergénérationnel. Avec notre solution de caisse de pension, nous contribuons à la coexistence respectueuse et durable des générations. Nous avons décidé de nous engager sur une voie durable. Cette solution n’a pas été applaudie par tous, mais la grande majorité des collaborateurs et des retraités l’ont accueillie très favorablement.