Quelles sont les personnes concernées ?

Replacer la réforme LPP dans un cadre de référence

BVG reform
  • Blog
  • 18 Minute Read
  • 03/04/24

Les rentes de la prévoyance professionnelle sont sous pression depuis un certain temps déjà. Cette situation s’explique par l’allongement de l’espérance de vie et les fluctuations des marchés financiers. Le 17 mars 2023, le Parlement a donc adopté la réforme de la prévoyance professionnelle (réforme LPP) dans le but de renforcer le financement du 2e pilier, de maintenir globalement le niveau des rentes et d’améliorer la couverture des personnes à temps partiel, en particulier des femmes. Les syndicats et les partis de gauche ont lancé avec succès un référendum contre cette réforme. C’est maintenant le peuple qui aura le dernier mot et devra se prononcer sur la réforme de la LPP à l’été 2024. La réforme pourrait très probablement entrer en vigueur le 1er janvier 2026

Cet article vise à décrire de manière transparente et objective les principaux aspects de la présente réforme de la LPP, à quantifier son effet pour la population active suisse et à les replacer dans un cadre de référence qui offrira une meilleure vue d’ensemble de la réforme. Il s’attache également à identifier et à remettre en question les incitations discutables contenues dans cette réforme.

La réforme LPP en cinq points

Éléments clés de compréhension
La prévoyance professionnelle (LPP) se compose d’une part obligatoire, dans laquelle les salaires annuels sont assurés conformément aux prescriptions minimales légales, et d’une part surobligatoire (facultative), dans laquelle les caisses de pension peuvent assurer des prestations supplémentaires. Les points 1 à 4 de la révision LPP concernent donc toutes les caisses de pension qui assurent exclusivement le régime obligatoire LPP. En revanche, ces points ne peuvent pas être appliqués tels quels aux caisses de pension qui assurent des prestations surobligatoires : elles doivent s’assurer que leurs prestations totales correspondent au « nouveau » minimum LPP. Le point 5, relatif au financement des suppléments de rente, concerne en revanche toutes les caisses de pension et donc l’ensemble des assuré-e-s – indépendamment du fait que les prestations assurées soient obligatoires ou surobligatoires.

Schématisation de la réforme LPP

1. Abaissement du taux de conversion minimal LPP

Situation de départ: Au cours de leur activité professionnelle, les employé-e-s et les employeurs versent à la caisse de pension des cotisations d’épargne créditées et rémunérées sous forme de bonifications de vieillesse qui sont intégrées à l’avoir de vieillesse personnel. Au moment de la retraite, l’avoir de vieillesse disponible est soit versé sous forme de capital, soit converti en une rente de vieillesse viagère. La conversion de l’avoir de vieillesse épargné en rente est déterminée par le taux de conversion, que la révision de la LPP prévoit d’abaisser de 6,8 % à 6,0 % dans le régime obligatoire. Si le capital vieillesse obligatoire s’élève par exemple à CHF 100 000, la rente versée serait désormais de CHF 6000 par an au lieu de CHF 6800 actuellement.

Effet en Suisse

L’abaissement du taux de conversion minimal LPP n’entraîne une réduction des rentes que pour les personnes assurées uniquement selon le minimum LPP. Concrètement, cela représente environ 14 % de toutes les personnes assurées. La réduction prévue du taux de conversion n’affectera pas les autres – soit approximativement 86 %. Ces personnes ont déjà un taux de conversion plus bas aujourd’hui (la médiane est de 5,3 %).

  Nombre de personnes assurées actives 
Total Suisse (2022)
4'619’879
Visé-e-s par le point 1 de la révision de la LPP
14 %

2. Lissage des bonifications de vieillesse LPP

Situation de départ: La bonification de vieillesse est le montant qui est crédité – conjointement aux intérêts – sur l’avoir de vieillesse d’une personne assurée. Les taux sont fixés en pourcentage du salaire annuel coordonné et dépendent de l’âge de la personne assurée; l’employeur doit financer au moins la moitié des bonifications de vieillesse.

La réforme de la LPP prévoit un lissage des bonifications de vieillesse, qui devrait notamment inciter les employeurs à embaucher et à maintenir en activité les personnes de plus de 55 ans:

Actuel

Âge Taux
25 - 34 7%
35 - 44 10%
45 - 54 15%
55 - 65 18%

Réforme LLP

Âge Taux
25 - 44 9%
45 - 65 14%

Effet en Suisse

Dans la pratique, il existe une multitude de modalités de versement des bonifications de vieillesse par les employeurs et les employé-e-s. En fin de compte, il faut respecter au moins les dispositions susmentionnées relatives au régime obligatoire de la LPP.  

3. Abaissement du seuil d’entrée LPP

Situation de départ: Pour qu’une personne soit assurée à titre obligatoire par la prévoyance professionnelle, elle doit actuellement percevoir un salaire annuel d’au moins CHF 22 050 auprès d’un employeur. Ce seuil doit être abaissé à CHF 19 845 dans le cadre de la réforme de la LPP, afin de faciliter l’entrée plus rapide dans la LPP des personnes travaillant à temps partiel ou cumulant plusieurs emplois.

Effet en Suisse

Avec la présente réforme de la LPP, environ 70 000 nouveaux/nouvelles employé-e-s et 30 000 personnes exerçant plus emplois seront assuré-e-s à titre obligatoire en raison de contrats de travail supplémentaires. Les coûts sont estimés à environ CHF 100 millions, dont CHF 15-25 millions de frais administratifs.

  Nombre de personnes assurées
Cotisations employées/employeur
Frais administratifs (sans frais de gestion de la fortune)
Total (2022) 4'619'879 CHF63,0 mrd  CHF1,0 mrd
(env. CHF 216 par personne et par an) 
Concernées par la révision de la LPP
env. 100'000
(1,5%)
env. CHF 100 mio.
(0,2 %)
env. CHF 15-25 mio. (1,5 % – 2,5 %) 
(env. CHF 150 et CHF 250 par personne et par an) 

4. Réduction de la déduction de coordination LPP

Situation de départ : La prévoyance vieillesse en Suisse repose sur le système des trois piliers à la solidité éprouvée. À l’origine, le deuxième pilier (prévoyance professionnelle, LPP) devait permettre, avec le premier pilier (AVS), de maintenir le niveau de vie habituel. Afin de coordonner les deux piliers, seules les parts de salaire qui ne sont pas déjà assurées dans l’AVS sont assurées dans le deuxième pilier. Ces parts sont calculées en déduisant du salaire AVS la déduction de coordination actuellement fixée à 25 725 CHF (jusqu’au salaire maximal LPP de 88 200 CHF).

La réforme de la LPP prévoit de réduire cette déduction de coordination, qui s’élèvera désormais à 20 % du salaire AVS. L’objectif est de toujours assurer 80 % du salaire (jusqu’au salaire maximal LPP de 88 200 CHF). Cela améliorerait notamment la situation des employé-e-s à temps partiel, car la déduction de coordination fixe ne serait plus déduite dans le domaine obligatoire. Le revenu assuré dans la prévoyance professionnelle augmenterait en conséquence.

Effet en Suisse

Des enquêtes ont montré qu’actuellement, seules 12 % des caisses appliquent la déduction de coordination légale, de sorte que seul-e-s 20 % des assuré-e-s sont concerné-e-s. Les autres caisses de pension utilisent déjà aujourd’hui leur marge de manœuvre dans l’intérêt de leurs bénéficiaires et appliquent des déductions variables sous différentes formes voire renoncent complètement à la déduction de coordination.

  Nombre de caisses
Nombre de personnes assurées concernées
Total (2022) 1'353 4'619'879
Concernées par la révision de la LPP
162 (12%) 923'976 (20%)

5. Mesures de compensation / suppléments de rente et financement

Situation de départ: En principe, la réduction de la déduction de coordination et l’adaptation des bonifications de vieillesse compensent largement la baisse du taux de conversion minimal LPP sur toute la durée de cotisation. Cela n’est toutefois pas le cas pour les personnes actives qui prendront leur retraite dans les prochaines années et qui risquent donc de voir leur rente diminuer. Afin de limiter les diminutions de rentes, des mesures de compensation sous forme de suppléments de rentes sont donc prévues pour cette « génération transitoire » qui regroupe 15 années de naissance:

  • Années de naissance 1961–1965: CHF 200 maximum par mois (CHF 2400 par an)
  • Années de naissance 1966–1970: CHF 150 maximum par mois (CHF 1800 par an)
  • Années de naissance 1971–1975: CHF 100 maximum par mois (CHF 1200 par an)

Les suppléments varient en fonction de l’avoir de vieillesse:

  • ≤ CHF 220 500 = supplément complet (maximum)
  • > CHF 441 000 = pas de supplément
  • Dans les cas où l’avoir de prévoyance se situe entre ces deux valeurs limites, la personne a droit à un supplément de rente réduit.

Autres conditions à remplir pour bénéficier d’un supplément de rente:

  • En cas de retraite anticipée, seulement à partir de 62 ans
  • Perception d’au moins 50 % de l’avoir de vieillesse sous forme de rente
  • Au moins 15 ans de cotisations au 2e pilier.
  • Assuré à l’AVS pendant au moins dix années consécutives juste avant le versement de la rente du 2e pilier. 

Exemple: Une personne assurée de la génération transitoire appartenant aux cohortes de nouveaux retraités 6-10 (nés entre 1966 et 1970) dispose d’un avoir de CHF 200 000 au moment de la retraite et remplit également les autres conditions requises. Elle reçoit ainsi un supplément de CHF 150, et ce indépendamment du fait que la rente de vieillesse de sa propre caisse de pension diminue ou non (principe dit d’imputation).

Effet en Suisse

L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) estime qu’environ 25 % des assuré-e-s de la génération transitoire recevront un supplément de rente complet et 25 % un supplément de rente réduit. Environ 50 % des assuré-e-s disposent d’un avoir de vieillesse de plus de CHF 441 000 ou ne remplissent pas les autres conditions d’octroi, et ne reçoivent donc pas de supplément de rente. Les suppléments de rente pour les 15 cohortes de la génération transitoire s’élèvent à environ CHF 11,3 milliards capitalisés pour l’ensemble de la Suisse.

 

Financement des suppléments de rente

Les suppléments de rente capitalisés à hauteur d’environ CHF 11,3 milliards doivent être payés par chaque caisse de pension et par chaque personne, qu’elle touche ou non de l’argent. Ils seront financés par une cotisation calculée en fonction du salaire, jusqu’à CHF 339 par personne et par an. Si l’institution de prévoyance prélève une nouvelle cotisation à cet effet, l’employeur devra en verser au moins la moitié.

En Suisse, mi-2023, quelque 5,3 millions de personnes exerçaient une activité professionnelle, et 4,6 millions d’entre elles étaient assurées dans le cadre de la prévoyance professionnelle.

La structure d’âge de la population active se présente comme suit:

Plus de 8 % des personnes actives ont entre 15 et 25 ans, 58 % sont âgées de 25 à 50 ans et près de 32 % font partie de la « génération transitoire » et sont âgées de 50 à 65 ans. L’ensemble des suppléments de rente capitalisés, soit environ CHF 11,3 milliards, est donc principalement financé par les 2,6 millions de jeunes actifs (= 58 %) âgés de 25 à 50 ans, tandis que les actifs de plus de 50 ans (32 %) ne doivent assumer le financement des suppléments de rente que jusqu’à la retraite.

Comme mentionné plus haut, l’OFAS estime que parmi ces 32 % d’assuré-e-s appartenant à la génération transitoire, seule la moitié, soit 16 %, a droit à un supplément de rente complet. Plus des deux tiers des actifs financent ainsi un supplément de rente pour une minorité de personnes âgées de 50 à 65 ans, dont seule une fraction pourrait subir une réduction de rente (voir chapitre 1. Abaissement du taux de conversion minimal LPP). Pour la majorité de la génération transitoire, le supplément de rente n’est donc pas une compensation de la baisse de leur rente, mais une augmentation de leur rente au détriment de la jeune génération.

Étant donné qu’aucune mesure n’est prévue pour vérifier si la rente diminue effectivement, certaines personnes reçoivent des rentes plus élevées (exemples types 2 et 4) et d’autres des rentes plus basses (exemples types 1 et 3).

Données en CHF
Ancienne LPP
Nouvelle LPP Description
Salaire AVS
80'000 80'000  
Salaire assuré LPP
54'275 64'000 La réduction de la déduction de coordination fait effet
Avoir de vieillesse avec la réforme 200'000 200'000 Âge 55 au moment de la réforme
Avoir de vieillesse retraite à 65 ans 323'000 315'000 Pas d’évolution du salaire, 1 % d’intérêt
Rente de vieillesse LPP 21'964 18'900 Salaire assuré plus élevé, mais cotisations plus faibles
Supplément sur la rente LPP   700 Estimation, réduction linéaire
Rente LPP plus supplément 21'964 19'600  
Différence avec l’ancienne LPP
- -2'364 Rente inférieure malgré le supplément
      (-197 CHF par mois)
Données en CHF
Ancienne LPP
Nouvelle LPP
Description
Salaire AVS
50'000 50'000  
Salaire assuré LPP 24'275 40'000 La réduction de la déduction de coordination fait effet
Avoir de vieillesse avec la réforme 100'000 100'000 Âge 55 au moment de la réforme
Avoir de vieillesse retraite à 65 ans 156'000 169'000 Pas d’évolution du salaire, 1 % d’intérêt
Rente de vieillesse LPP 10'608 10'140 Salaire assuré plus élevé, mais cotisations plus faibles
Supplément sur la rente LPP   1'200 Supplément max. selon transition
Rente LPP plus supplément 10'608 11'340 Plus élevée qu’avant la réforme
Différence avec l’ancienne LPP - 732 Rente plus élevée avec le supplément
      (+61 CHF pro Monat)
Données en CHF Ancien plan
Nouveau plan
Description
Salaire AVS 80'000 80'000  
Salaire assuré LPP 54'275 64'000 La réduction de la déduction de coordination fait effet
Avoir de vieillesse réglementaire 300'000 300'000 Âge au moment de la réforme
Avoir de vieillesse selon la LPP 200'000 200'000  
Avoir de vieillesse retraite à 65 ans 465'000 465'000 Pas d’évolution du salaire, 1 % d’intérêt
dont avoir de vieillesse LPP 323'000 315'000 Salaire assuré plus élevé, mais cotisations plus faibles
Taux de conversion réglementaire 5.0% 5.0%  
Rente de vieillesse selon règlement 23'250 23'250  
Rente de vieillesse LPP 21'964 18'900  
Supplément sur la rente LPP - - Pas de supplément, avoir de vieillesse trop élevé
Rente LPP plus supplément 21'964 18'900 Rente LPP inférieure
Différence avec l’ancien plan - - Rente équivalente selon le plan
Données en CHF Ancien plan Nouveau plan Description
Salaire AVS 50'000 50'000  
Salaire assuré LPP 24'275 40'000 La réduction de la déduction de coordination fait effet
Avoir de vieillesse réglementaire 120'000 120'000 Âge 55 au moment de la réforme
Avoir de vieillesse selon la LPP 100'000 100'000  
Avoir de vieillesse retraite à 65 ans 218'000 218'000 Pas d’évolution du salaire, 1 % d’intérêt
dont avoir de vieillesse LPP 156'000 169'000 Le salaire assuré plus élevé fait effet
Taux de conversion réglementaire 5.0% 5.0%  
Rente de vieillesse selon règlement 10'900 10'900  
Rente de vieillesse LPP 10'608 10'140  
Supplément sur la rente LPP - 1'200 Droit au supplément maximum (plan égal)
Rente du plan plus supplément 10'900 12'100 La rente LPP ne joue aucun rôle
Différence avec l’ancien plan - 1'200 Rente équivalente selon le plan 
      Il y a quand même un supplément

Des incitations discutables

L’objectif du deuxième pilier est d’épargner individuellement le plus de capital possible dans le cadre d’une retraite par capitalisation et de percevoir des intérêts aussi élevés que possible. En liant les suppléments de rente prévus au capital d’épargne disponible, la présente réforme de la LPP engendre de fausses incitations qui vont à l’encontre de l’esprit de la LPP. Elles peuvent se résumer comme suit:

L’abaissement du taux de conversion LPP de 6,8 % à 6,0 % réduit la redistribution aux dépens des jeunes générations, mais « seulement » de 400 millions de francs par an. Cette économie est à rapprocher des coûts des suppléments de rente de 11,3 milliards de francs, ce qui porte la durée d’amortissement de la révision de la LPP à 28 ans pour la jeune génération. De plus, les suppléments de rente sont principalement financés par la jeune génération et bénéficient à de nombreux actifs âgés de 50 à 65 ans à titre de « compensation », alors qu’ils ne sont même pas confrontés à une baisse de leur rente.

Le fait de lier les suppléments de rente au montant du capital vieillesse disponible conduit à de fausses incitations en matière d’épargne. Si une personne dispose aujourd’hui d’un capital vieillesse proche du seuil de 441 000 CHF, elle n’effectuera pas de rachat supplémentaire dans sa caisse de pension et ne choisira pas un plan d’épargne volontaire plus élevé, car elle ne recevra plus de supplément de rente si elle dépasse ce seuil. L’épargne individuelle perd donc de son attrait.

Le financement des suppléments de rente doit être assuré en partie par les caisses de pension elles-mêmes et en partie par le fonds de garantie. Pour que le fonds de garantie puisse financer ces suppléments, il faut prélever de nouvelles cotisations salariales auprès de l‘ensemble des assuré-e-s (voir chapitre Financement des suppléments de rente) à moins que les caisses de pension ne soient en mesure d’assurer (partiellement) le financement par le biais du rendement de leur propre fortune. Quelle que soit la manière dont ces suppléments seront finalement financés, les caisses de pension ayant adapté leurs prestations à la nouvelle réalité (espérance de vie plus longue, rendement attendu plus faible) devront assurer le financement croisé d’autres caisses de pension qui continuent d’accorder des prestations minimales LPP. 

De nombreuses questions restent en suspens concernant la mise en œuvre concrète de la compensation dans la proposition de réforme. Les points suivants, qui doivent tous être résolus au niveau de l’ordonnance, sont actuellement peu clairs: 

  • Qui a droit à un supplément de rente? 
    • Comment doit-on justifier les années d’assurance dans la prévoyance professionnelle? 
    • Comment peut-on gérer plusieurs rapports de prévoyance, y compris ceux des caisses scindées (régime obligatoire et régime surobligatoire, chacun dans une caisse distincte)?
    • Comment s’assurer qu’il est possible de prendre en compte les prestations de libre passage auprès d’autres institutions de libre passage?
    • Comment les réductions et augmentations de l’avoir de vieillesse avant la retraite (rachats, divorce, avoir de libre passage, perception anticipée de la rente, ajournement, retraite partielle, invalidité partielle) sont-elles prises en compte ?
  • Comment le montant du supplément est-il calculé et comment se déroulent le règlement et le financement?
    • Comment se présente exactement le barème dégressif du supplément de rente jusqu’à CHF 441 000 (5 fois le montant limite LPP)?
    • Quels sont les taux de réduction appliqués en cas de versement anticipé à partir de 62 ans?
    • Comment calcule-t-on le supplément en cas de versement d’une rente d’invalidité?
    • Comment s’effectue la coordination du financement en cas d’assurance dans plusieurs caisses de pension (plans de base et plans pour cadres)?
    • Comment le décompte des frais supplémentaires/pourcentages de cotisations salariales pour le financement des suppléments de rente est-il mis en œuvre via le fonds de garantie (financement partiellement centralisé)?

Ces questions non résolues entraînent d’abord des incertitudes, ce qui accroît le scepticisme à l’égard du système. D’autre part, il faut s’attendre à ce que la mise en œuvre concrète des points ci-dessus augmente encore la complexité de la prévoyance professionnelle. 

Conclusions et alternatives

La présente réforme de la LPP aborde quelques éléments clés importants. Ainsi, l’abaissement du taux de conversion réduit la redistribution indésirable des travailleurs actifs vers les bénéficiaires de rentes, renforce le processus d’épargne LPP ou améliore la situation de la prévoyance dans le segment des bas salaires et du temps partiel. Mais cette réforme profitera également à celles et ceux qui ne sont pas directement concerné-e-s par la réforme de la LPP, mais recevront tout de même un supplément de rente. On peut tout de même se demander si le prix à payer est justifié: nouvelle redistribution non conforme au système au détriment des jeunes générations, fausses incitations à l’épargne de prévoyance individuelle, complexité accrue de la prévoyance professionnelle et financement croisé entre les caisses de pension. Et ce, d’autant plus que la grande majorité des caisses de pension ont déjà enclenché des mesures de réforme. 

Au vu des querelles politiques qui entourent la réforme de la LPP, il est légitime de se demander s’il existe des alternatives. Mais seraient-elles encore audibles sur la scène politique? N’est-il pas plus prometteur d’aborder le développement de la prévoyance professionnelle sous un angle dépolitisé et d’en confier la responsabilité aux entreprises elles-mêmes? 

La grande majorité des institutions de prévoyance mettent déjà en œuvre des mesures qui vont au-delà des prescriptions minimales légales dans la prévoyance professionnelle. Et alors même que le débat se concentre actuellement sur la durabilité, la manière dont une entreprise gère l’allongement de l’espérance de vie et réfléchit à un modèle intergénérationnel équitable lui permet non seulement de se distinguer face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, mais aussi de se démarquer de la concurrence. Pour ce faire, il est indispensable de fournir des informations transparentes, honnêtes et basées sur des faits, et de sensibiliser le public à la prévoyance professionnelle.

 

Contact us

Marco Tiefenthal

Assurance Director, Asset Management & Pension Funds, PwC Switzerland

+41 58 792 55 83

Email

Mia Mendez

Geschäftsführerin der Pensionskassen Mitarbeitende und Partner, Mitglied im Vorstand ASIP, PwC Switzerland

+41 58 792 14 28

Email